Transition : lettre ouverte au Capitaine Ibrahim TRAORE

« 𝐴𝑢𝑥 â𝑚𝑒𝑠 𝑏𝑖𝑒𝑛 𝑛e𝑒𝑠, 𝑙𝑎 𝑣𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑛’𝑎𝑡𝑡𝑒𝑛𝑑 𝑝𝑜𝑖𝑛𝑡 𝑙𝑒 𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑎𝑛𝑛𝑒𝑒𝑠.»

Capitaine, à un âge où la plupart des jeunes hommes ont d’autres préoccupations, vous avez eu l’audace de vous engager pour sauver votre pays, et nous vous en sommes tous reconnaissants.

Depuis votre poste d’observation sur le terrain dans le Soum, puis à la tête du régiment d’artillerie de Kaya, vous aviez votre analyse de cette lutte antiterroriste mal conduite depuis 2016.

Huit mois après avoir pris le pouvoir, vous avez une vision à 360° de la situation du pays, et vous vous rendez sans doute compte que le problème est plus complexe que vous ne le croyiez…

Ayez l’humilité de le reconnaitre, faites une annonce sincère à la nation, et revoyez votre copie.

C’est le meilleur moyen de proposer un New Deal au peuple Burkinabè qui ne pourra le recevoir qu’avec soulagement et gratitude car il est clair que cette transition va mal, et que les élections ne pourront en aucun cas se tenir à la date initialement prévue avec le peuple burkinabè, mais aussi avec nos partenaires de la CEDEAO.

Or tout consensus national s’impose à la CEDEAO comme nous en avons fait l’expérience en 2015 lors de sa médiation dans le cadre du coup d’État du RSP/CND. Et l’économie burkinabè déjà mal en point, aura du mal à supporter des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA ! Vous et votre gouvernement le savez parfaitement !

Votre Premier Ministre qui est plus âgé et plus expérimenté que vous, et dont vous écoutez certainement les conseils comme ceux de votre conseiller spécial Serges Théophile Balima, lui semble parier sur le recroquevillement sur votre très faible mais très bruyante base militante de soutiens du départ, et une fuite en avant.

J’ai la faiblesse de penser qu’ils vous induisent en erreur !

Tout changement de régime est l’occasion de l’émergence de beaucoup d’aventuriers et de Rastignac…

Capitaine, le pays est plus en danger que vous ne croyiez depuis Kaya. Vous le savez à présent.

Ayez le courage d’aller au bout de votre logique et de votre engagement. Renouvelez le contrat social avec les Burkinabè afin de mener tous ensemble ce combat pour la survie de notre État s’il vous plait.

Car comme la Somalie le prouve depuis plus de 30 ans, l’État peut disparaître, mais pas le pays et la population.

Ce sera juste un no man’s land sans lois ni règles dans lequel les plus faibles seront les premières victimes, et où plus personne, même parmi les plus puissants, ne sera en sécurité.

Le Premier ministre Apollinaire Kyélem de𝗧𝗮𝗺𝗯𝗲𝗹𝗮 𝗱𝗼𝗶𝘁 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶𝗿 !

Par ses propos mensongers, sectaires et plein de morgue lors de son DSN (Discours sur l’état de la nation) devant l’ALT, le Premier Ministre a finit de se disqualifier !

« D’après ce que j’ai exposé, c’est pas un discours rassembleur. Je l’assume ! Je n’ai jamais voulu rassembler toute le monde.

Que ce soit clair ! Les systèmes où un gouvernement rassemble tout le monde, c’est dans les royaumes et le empires. C’est pas dans une republique. Dans un empire, il n’y a pas d’opposition, il n’y a pas de majorité. Tout le monse de reconnait dans l’empereur, dans le roi. »

Monsieur le président, est-ce à dire que nous sommes dans un royaume ou un empire puisque les activité des partis politiques sont suspendues, que la presse est priée d’être «Patriotique» surtout si elle a des arriérés d’impôts, et que les activistes sont traqués ?

Il ne mérite plus d’être le Premier Ministre d’un gouvernement de transition et de combat qui demande et nécessite l’union sacrée pour vaincre le terrorisme.

Le Burkina Faso ne lui appartient pas ! Et il n’a été élu par personne !

 

Il tire sa légitimité de sa nomination par le chef de l’État que vous êtes, et vous-même tirez votre légitimité de la Charte de la Transition qui a été validée par l’ensemble des forces vives de la nation telles que définies par le Conseil Constitutionnel lors des Assises de la Transition:

– Les chefferies coutumières et religieuses ;

– La classe politique ;

– Les Forces de défense et de sécurité ;

– La société civile.

Ceux-là mêmes avec qui vous avez organisé des rencontres pour surmonter le crise née du drame de Karma…

Les rédacteurs de la Charte de la Transition, les représentants du peuple lors des Assises de la Transition, les députés de l’ALT doivent tirer les conséquences de ce discours inacceptable !

 

Par ailleurs, il semble qu’en date du 24 mai de cette année, le Ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité a envoyé une lettre aux chefs de partis politiques.

Objet, « Relecture du Code électoral et du cadre juridique des partis et formations politiques », reforme nécessaire s’il en est dans notre pays !

Seulement voilà ! Vous avez suspendu les activité des partis politiques et avez refusé leurs demandes de tenir leurs congrès pour renouveler leurs instances.

Comment voulez-vous qu’ils organisent en interne les travaux nécessaires pour répondre à votre demande ?

Sur la gouvernance d’une manière générale.

Le problème de l’impression des timbres fiscaux est connu depuis 2008, et nous avons déjà eu une pénurie en 2015-2017. Voir l’article « Rupture de timbres fiscaux : Voici ce qui s’est passé » du journal l’Économiste du Faso du 6 juin 2016 (https://www.leconomistedufaso.com/2016/06/06/rupture-de-timbres-fiscaux-voici-sest-passe/ )

Et pour une fois, l’administration semble avoir fait un excellent travail, parant un plus pressé, mais prévoyant également l’avenir sur tous les plans, y compris les évolutions technologiques !

Or, que voit-on ?

1) Un marché de 300 milliards ne peut pas avoir été attribué sans le quitus du conseil des ministres. Et le conseil des ministres est présidé par le chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré.

2) Le colonel Yamba Léonard OUOBA, directeur général des affaires immobilières et de l’équipement de l’Etat, lors d’un point de presse dans la matinée du mardi 23 mai 2023, en présence du directeur général des impôts, a déclaré :

« Notre objectif était d’avoir des timbres made in Burkina. Nous avons fait appel à quelques imprimeries qui ont un niveau de sécurité assez élevé.

Elles ont produit des spécimens tout aussi valables que ceux produits à l’étranger.

Malheureusement, les timbres produits localement sont plus chers que ceux importés.

Pour maintenir les prix actuels, nous avons dû recourir à un prestataire à l’extérieur notamment en France ».

De fait, les éditeurs locaux proposaient des timbres fiscaux de 200 FCFA au prix unitaire de 85 FCFA contre 29 FCFA pour le timbre édité en France…

On apprend par ailleurs que l’éditeur s’est engagé à installer une unité de fabrication au Burkina sous 7 mois pour produire ce timbre, et probablement les suivants qui seront modernisés et remplacés lorsque les stocks existants seront épuisés.

3) Les réseaux sociaux se sont enflammés lorsque les Burkinabè ont appris que c’était une entreprise française qui a été retenue alors que le MPSR2 désigne la France comme l’ennemie du Burkina depuis son arrivée au pouvoir, et s’est même appuyé sur le sentiment anti français pour faire sortir la jeunesse au deuxième jour de son putsch en faisant croire que Damiba s’était réfugié dans le camp de Sabre et s’apprêtait à lancer une contre-offensive avec leur aide pour empêcher le MPSR2 de changer de partenariat militaire….

4) Le capitaine Ibrahim Traoré rejette le nouveau timbre fiscal imprimé à l’étranger, exigeant à court terme « une solution burkinabè ». (Info AIB)

Pour rappel, ce timbre est en rupture de stock.

Que conclure de cela ? L’administration burkinabè a-t-elle encore des règles de fonctionnement ?

Combien cela coûtera au final entre le surcoût de la production locale qui ne permet pas des économies d’échelle, et les pénalités de rupture abusive de contrat avec l’imprimeur français ?

Plus grave encore, le président dit Niet à la mise en circulation d’un nouveau timbre fiscal, sans donner de solution alternative aux milliers de Burkinabè qui doivent légaliser des documents chaque jour.

L’administration met néanmoins ce timbre en circulation à la date annoncée avant la décision du président, et la population, y compris ceux qui ont applaudi la décision du président, l’utilisent…

Imaginez que ce soit la même chose qui se passe sur le plan sécuritaire et militaire, mais également d’une manière générale dans l’appareil d’État !

Il me semble que c’est ce qu’on appelle un bateau ivre !

Ce n’est même plus du tâtonnement comme sous Roch !

C’est la Tour de Babel !

 

Le Ministre d’État, ministre de la fonction publique monsieur Bassolma Bazié, quand à lui va affirmer sur BF1 TV que le MPSR2 achète la Kalachnikov à 150 000 FCFA l’unité alors que du fait de la corruption, le régime Kaboré les achetait à 800 000 FCFA l’unité….

On peut se demander sur quel marché vous achetez des armes car au catalogue de Roboronexport, aucun modèle de la Kalachnikov n’est à 150 000 FCFA ($245.15 ou 229.30 Euros ou 19 906.16 Roubles) pièce !

Lorsqu’on est à la tête de l’État, et qu’on est conscient de ce que c’est que l’État, on ne se comporte pas ainsi.

Face à des accusations aussi graves contre ses prédécesseurs, on transmet les preuves à la justice pour poursuites.

On ne se répand pas en accusations sibyllines contre eux dans les médias.

Ou alors, on les traite comme secrets d’État, et on la ferme !

 

En voulant coûte que coûte salir une classe politique qui se sait elle-même coupable de beaucoup de choses et rase les murs, le MPSR2 poursuit l’œuvre de l’affaiblissement de l’État qui a débuté en 2015, et s’est poursuivie jusqu’aux deux putschs du MPSR qui prétend pourtant restaurer et refonder l’Etat !

 

Cette image déplorable de l’État doit cesser ! On ne gagne pas une guerre en détruisant l’État. Sinon, il faut se poser la question du sens de cette guerre !

Maixent SOMÉ

Wendmanegre

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