Le mercredi 29 mars 2023, Amnesty international a rendu public son rapport 2021-2022 sur la situation des droits humains dans le monde. Un rapport présente la situation des droits humanitaires dans le monde en 2021, dans le Burkina Faso.
Le Rapport 2022/23 d’Amnesty International sur la situation des droits humains dans le monde, indique la pratique consistant à faire « deux poids, deux mesures » et les réactions insuffisantes aux atteintes aux droits humains ont favorisé l’impunité et l’instabilité. Le rapport montre également que les conflits, les perturbations économiques découlant de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les conditions météorologiques extrêmes, accentuées par le changement climatique, ont entravé les efforts de redressement face à la pandémie de COVID-19. Par conséquent, les droits de millions de personnes à l’alimentation, à la santé et à un niveau de vie suffisant étaient gravement menacés sur l’ensemble du continent africain.
En outre, le rapport met en évidence le fait que les institutions mondiales et régionales, telles que le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) et l’Union africaine, n’ont pas pris les mesures nécessaires face aux crimes de droit international commis dans des pays comme la Chine, le Myanmar ou le Yémen, ainsi que sur le continent africain, y compris au Burkina Faso, en Éthiopie et au Soudan du Sud.
Que faut-il retenir sur le cas du Burkina Faso ?
Selon le rapport, des groupes armés et les forces armées gouvernementales ont commis de graves violations du droit international humanitaire. Le conflit armé a continué de saper les droits à l’alimentation, à l’eau, à la santé et à l’éducation. Des cas de détention arbitraire et des violations du droit à la liberté d’expression ont été signalés.
Ainsi, sur le droit alimentaire le rapport indique que la hausse des prix des biens de consommation liée au conflit et les variations climatiques ont eu de lourdes conséquences sur la sécurité alimentaire au Burkina Faso. Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 4,9 millions de personnes ont été confrontées à l’insécurité alimentaire entre le début de l’année et le mois de septembre, notamment de nombreuses personnes déplacées qui avaient fui leur domicile et perdu leurs moyens de subsistance en raison du conflit.
Pour ce qui est du droit à l’éducation, la situation est critique. Selon l’UNICEF, 4 258 écoles étaient fermées ou à l’arrêt fin septembre, en raison du conflit. « Au Burkina Faso, l’UNICEF a indiqué que 2 682 écoles étaient encore fermées, ce qui concernait 304 564 élèves et 12 480 enseignant(e)s », indique le rapport.
Sur le droit des enfants, le rapport fait cas de la mort de dizaines d’enfants dans des attaques lancées par des groupes armés contre des villes et des villages. « Selon l’UNICEF, au moins 20 enfants ont été tués lors de l’attaque menée contre la ville de Solhan en juin, et des centaines ont été déplacés avec leur famille. Des groupes armés, notamment le GSIM et l’EIGS, ont continué de recruter des enfants et de les faire participer aux hostilités, en violation du droit international humanitaire », mentionne Amnesty international dans son rapport.
Sur la question des violences fondées sur le genre, le rapport a fait cas des alertes en juin 2021 de Médecins sans Frontières sur une augmentation des violences sexuelles dans les régions touchées par le terrorisme. « Des médias ont recueilli des informations sur des échanges présumés d’actes sexuels contre une aide alimentaire fournie par des ONG locales facilitant l’accès des personnes déplacées à l’aide humanitaire à Kaya ».
L’ONG a aussi déploré l’arrestation de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala SAKANDE et l’agression du journaliste de bf1, Luc Pagbelguem par le détachement de la sécurité du Premier ministre Albert Ouédraogo. Des actions des actions qui, selon l’ONG, portent atteinte au droit à la liberté d’expression.
Les recommandations de l’Amnesty International
Les parties aux conflits doivent respecter le DIH, enquêter sur les allégations et poursuivre les responsables présumés ; tous les États, sans exception, doivent faire en sorte que toutes les personnes fuyant des persécutions aient accès à la sécurité et à une protection internationale; les gouvernements doivent cesser d’utiliser des prétextes pour réprimer la dissidence et empêcher le débat sur leur bilan en matière de droits humains; les États doivent prendre des mesures exhaustives pour prévenir les violences fondées sur le genre commises contre des femmes, des filles et des personnes LGBTI.
Wendmanegré OUEDRAOGO