Relations intercommunautaires au Burkina Faso : ne pratiquons pas la politique de l’autruche

Lors de la grande interview qu’il a accordée à la RTB/Télé et à Savane médias le 03 février dernier, le président de la transition le capitaine Ibrahim Traoré avait nié l’existence de problèmes intercommunautaires au Burkina Faso. En réalité, la qualité des relations intercommunautaires sont des plus exécrables que jamais même si cette réalité est niée et cette dénégation largement relayée par des cyber-activistes qui menacent, dénigrent, injurient et terrorisent tous ceux qui osent inviter les puissants du jour à se rendre à l’évidence. Dans tous les cas, les faits, comme dit l’autre, sont têtus. Ils sont encore plus violents vis-à-vis de ceux-là qui, sur la base des preuves, démontent le contenu des discours officiels. Ce qu’ils ignorent dans le meilleur des cas et rejettent dans le pire, c’est qu’en plus des différends, des conflits ou des crises intercommunautaires, il y a des dimensions intracommunautaires qui complexifient davantage la vie en société au Burkina.

La motivation n’est pas forcément d’affirmer péremptoirement qu’ils sont tous fondés ou qu’une partie a entièrement raison sur l’autre. Le but est simplement de souligner que même si les fondements peuvent être parfois discutables, le fait est que cela souille la cohésion sociale et le bien-vivre ensemble. En effet, les causes des crises inter ou intra-communautaires relèvent parfois des simples perceptions mais mal gérées ou pas gérées du tout, elles peuvent, de par leurs conséquences, être destructrices de collectivités politiques centenaires, voire millénaires.

Le Burkina Faso a donc besoin de se réconcilier avec lui-même. Selon le document de Stratégie nationale de la réconciliation 2022-2026 qui a procédé, préalablement, à une analyse diagnostique, des besoins de réconciliation ont été identifiés. Selon ce document dont la rédaction a été impulsée par le président Roch Marc Christian Kaboré, avec un coup d’accélérateur sous le président Paul-Henri Sandaogo Damiba et adopté sous le président Ibrahim Traoré, ces besoins tirent leurs origines de situations parmi lesquelles on peut citer : i) la situation socio-politique caractérisée depuis l’indépendance « par de nombreux régimes non constitutionnels, pour la plupart issus de coups d’Etat militaires, plus ou moins violents, ainsi que de quelques régimes constitutionnels » avec leurs lots de violations des droits humains ; ii) le contexte judiciaire, en dépit des remous sociopolitiques dont le but ultime était aussi et surtout un meilleur fonctionnement de la justice, n’a pas, aux yeux des citoyens, répondu aux attentes du plus grand nombre. Le document souligne que « dans le cadre du processus de la Réconciliation nationale, la démarche de Réconciliation reste fidèle au principe de respect du triptyque Vérité-Justice-Réconciliation » ; iii) les relations intercommunautaires dans un pays où vivent près de soixante-dix groupes socio-ethniques avec des formes différentes d’organisation politique traditionnelle et où se pratiquent plusieurs confessions religieuses ne sont plus à l’abri des conflits contrairement au climat qui régnait entre eux depuis la période coloniale jusqu’à la fin des années 2000.

La rédaction de Libertebf.com

Wendmanegre

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