Prière de l’Aïd el fitr : le président IB en mode bourgeoisie comprador ou politico-bureaucratique

La prière marquant la fin du jeûne du Ramadan à Ouagadougou, ce 21 avril, a connu la présence du président de la Transition, chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré. Quoi de plus normal qu’en bon croyant, en cette solennité de l’Aïd el Fitr, il aille prier avec ses coreligionnaires musulmans aux côtés du grand imam de la capitale.

Là où il y a le bât blesse, c’est que le président d’un pays en guerre affirmant ayant renoncé officiellement à son salaire, s’est oublié à la fête, s’affichant dans un Lexus dernier cri d’où transparaissent des allures et des penchants de grande bourgeoisie comprador (commerçante) ou politico-bureaucratique (hommes et femmes politiques employés de l’Etat s’étant enrichis grâce à la politique politicienne). Pour la sobriété et la modestie de Thomas Sankara qui roulait en Renault 5, il faudra repasser.

Le président IB à la place de la Nation pour la prière de l’Aïd el Fitr, si ce n’est pas plus une opération de marketing politique qu’un acte de dévotion pieuse, cela y ressemblait beaucoup. Et le cordon de sécurité, et l’exubérante joie de ses partisans donnaient à voir davantage le chef politique à la recherche d’une tribune politique que le fidèle musulman en recueillement avant la prière ou qu’un chef de guerre déterminé à abattre l’hydre terroriste en vue de restaurer un nouvel ordre démocratique en juillet-août 2023. Et cette sortie en grand n’est pas loin du cinéma, au sens propre comme au figuré, qu’un quarteron de ses soutiens avaient fait à la Mecque à l’occasion de la dernière Omra. Une instrumentalisation de l’islam, visible comme un bouton sur le nez  que ces scènes loufoques. Mais on se garde bien d’en rire car c’est sur ce même registre de capture de la religion à des fins politiques et communautaristes qu’une tragédie se joue dans le Sahel depuis plus d’une dizaine d’années. Quel paradoxe alors que le néo-sankarisme, dans les accoutrements d’un néo-panafricanisme puéril, s’enturbanne d’un prosélytisme religieux (dans un Etat laïc !) pour prétendre sauver la patrie !

A côté de ce paradoxe d’un président d’un pays en guerre totale qui s’oublie à la fête et dans la jouissance d’un luxe bourgeois, s’affiche le contraste du chef suprême des armées qui appelle à l’effort de guerre ; lance la mobilisation générale ; compte péniblement les bientôt trois (03) millions de PDI  et les pertes accélérées de villages du territoire national occupés par les terroristes, le goût pour  l’opulence  d’un chef de guerre qui demande des sacrifices et encore des sacrifices à ses soldats au front et à sa population meurtrie.

Le Burkina sous la férule humiliante des groupes armés terroristes présente un état des lieux chaotique… d’où la multiplication des contraintes et autres restrictions des libertés que le capitaine IB et son équipe imposent aux Burkinabè. Mais à l’occasion de la célébration de l’Aïd el Fitr, le chef de guerre « révolutionnaire » a oublié la guerre et ses idéaux sankaristes, il s’est débarrassé de la tenue terre du Burkina, de ‘’l’inconfortable’’ pickup pour les oripeaux scintillants du faste d’un Lexus dernière génération Esprit d’austérité, de solidarité avec les soldats au front et les victimes de la guerre, où es-tu ?

Le président Sankara, en se souvenant de sa Renault 5, a dû se retourner plus d’une fois dans sa tombe. Le Burkina n’est pas guéri de la vanité dispendieuse de ses dirigeants. A une prière bling bling du chef de l’Etat peut suivre d’autres sorties non moins bling bling d’autres princes du moment. Chassez le naturel…

Sahansoa SOMDA   

Wendmanegre

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