L’option stratégique prise par le format 2 du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR2) dans la lutte contre l’extrémisme violent qui détruit à vue d’œil le Burkina Faso en tant que collectivité politique et nation en devenir est visiblement le tout militaire.
Si cette option est compréhensible au regard des crimes indescriptibles commis et (toujours) en train d’être commis par les terroristes sans oublier la destruction des infrastructures socio-économiques, il sied de s’interroger sur l’efficacité de ce choix. On se souvient que sous le président Roch Marc Christian Kaboré, c’était l’unique perspective et on a vu ce que cela a donné comme résultat. Le président Paul-Henri Sandaogo Damiba avait, lui, opté pour une combinaison des options sans privilégier une seule au regard de la typologie des extrémistes violents.
Concrètement, l’option militaire était la seule voie contre ceux qui ne voulaient nullement entendre raison tandis que la solution par la prévention était déroulée à l’endroit de ceux qui étaient happés par l’engrenage de la radicalisation ou proposée. A ceux qui étaient déjà dans le cercle infernal de l’extrémisme violent, la voie du dialogue était offerte à certains à déposer les armes. Cela se justifiait amplement par le fait que d’une part la majorité des membres des groupes armés terroristes sont des Burkinabè et d’autre part le facteur idéologico-religieux ne mobilise que seulement deux (02) catégories de personnes : les idéologues (majoritairement des étrangers) qui font de la création d’un califat au Burkina Faso leur but ultime et leurs auxiliaires burkinabè. Le reste de la « troupe » (et ce sont de loin les plus nombreux) qui sème mort et désolation est essentiellement constitué de personnes i) outrées par les injustices réelles ou perçues dont elles sont victimes ; ii) incitées par leur entourage à s’enrôler dans les groupes armés terroristes (GAT) pour avoir un revenu servi (par les firmes de l’internationale terroriste) et leur venir ainsi en aide ; iii) faisant l’objet de chantage de la part des GAT ; iv) profitant de l’économie souterraine générée par le terrorisme pour s’enrichir en fournissant peu d’efforts mais pas sans risque ; v) au passé de bandits de grand chemin qui trouvent auprès des GAT gîte et protection ; vi) obligées d’accueillir et d’abriter les membres des GAT pour une (01) ou deux (02) nuits sans broncher…
Assimiler les personnes appartenant à ces six (06) dernières catégories de terroristes qu’il faut anéantir à tout prix procède au mieux d’une ignorance du phénomène terroriste, au pire du choix de la facilité et du moindre effort dans la réflexion ; or, le moins difficile des solutions aux problèmes est similaire à ce qui est moins cher (donc de mauvaise qualité) sur le marché ; lequel finit par devenir le plus cher du fait des désagréments qui en découleront indubitablement. Ainsi, le tout militaire qui, à notre sens, est la solution la moins laborieuse en théorie se révèle (pour l’instant en tout cas) être paradoxalement la plus difficile à réaliser. En effet, l’ampleur des attaques a explosé depuis novembre 2022, le nombre des victimes connaît une augmentation exponentielle, les GAT accueillent de plus en plus de demandes de certains nationaux pour accroître leurs effectifs alors que dans un passé récent, c’est moins facilement qu’ils arrivaient à convaincre les jeunes de les rejoindre.
Il faut le souligner sans hésiter : le tact du président Paul-Henri Sandaogo Damiba et de son Premier ministre Albert Ouédraogo leur avait permis d’appréhender et de comprendre cette typologie des membres des GAT et de rechercher et d’adapter des solutions en fonction des différentes strates de terroristes. Comme il l’a dit lui-même en fin février 2023 lors de l’interview qu’il a accordée à Radio France Internationale (RFI), les attaques avaient commencé à baisser d’intensité et de récurrence, les victimes étaient de moins en moins nombreuses, des combattants des GAT déposaient les armes, des personnes déplacées internes (PDI) retournaient dans leurs localités d’origine, etc.
Certes, le tout militaire peut se révéler plus efficace mais en attendant, ce n’est malheureusement pas ce qui nous est donné à voir en dépit d’actions vigoureuses sur les champs de bataille. Il faut y ajouter le fait que l’on n’enregistre pas de personnes déplacées internes qui rejoignent leur localité d’origine ; sans oublier qu’à l’exception de quelques cas dans la région de la Boucle du Mouhoun, les écoles et les centres de santé demeurent fermés et bien des routes non-déminées donc impraticables…
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