Le torchon brûle dans la grande famille des soutiens inconditionnels de la Transition et de son Président Ibrahim Traoré. Rattrapés par la justice, déchirés par des scènes de ménages sur fond de gestion mafieuse des ressources et de bagarres de leadership, à court d’idées pour renouveler son discours politique et traversés par un sentiment d’ingratitude, les pro-IB sont à la croisée des chemins et n’hésitent pas à se rentrer dedans. Avec eux c’est l’avenir du MPSR II lui-même qui se pose tant la situation est critique.
Rien ne va plus chez IB et ses petits camarades ! Alors que la situation sécuritaire fait mentir ouvertement leurs communicateurs dont certains n’ont plus de voix tandis que d’autres retournent carrément casaques ; alors que les cris de détresse des populations montent de partout avec des attaques de plus en plus meurtrières et barbares, le pouvoir vit ses pires difficultés et s’enfonce dans une grosse crise qui le fragilise et met sérieusement en cause son existence.
Si on ne peut pas parler d’effondrement du système, il est en tout cas évident qu’il connaît un affaissement et que beaucoup de choses ont changé du jour au lendemain, donnant comme l’impression qu’on a affaire à un colosse aux pieds d’argile. Qui l’eût cru ?
En fait, on voyait tout cela venir sans trop y croire réellement, tant tous les repères sont comme désarticulés. Pourtant il n’aura fallu que deux gestes forts pour enclencher la dynamique : le tour de vis du pouvoir contre les libertés démocratiques et un sursaut de la justice par l’interpellation de deux activistes parmi les plus en vue du sérail pro-IB, le tout avec en toile de fond un désastre sécuritaire et humanitaire que le populisme et la propagande n’arrivent plus à masquer.
En réalité, pour les analystes sérieux, les actions de communication tous azimuts des deux dernières semaines du pouvoir cachaient très mal une volonté désespérée de détourner l’attention sur des problèmes dont l’accumulation pourrait avoir l’effet d’une bombe.
Or quand un pouvoir de la nature de celle du MPSR II travaille à contourner les problèmes et les esquiver au lieu de les affronter de face, c’est qu’il est dans les pires difficultés pour ne pas dire qu’il a au moins un genou à terre.
Les refrains repris à tue-tête ne passent plus aussi facilement, tout comme de moins en moins de personnes supportent le ridicule du discours selon lequel tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes alors que tout autour ça sent la pourriture à plein nez.
Les Burkinabé se réveillent et constatent que leur situation est devenue intenable avec la claire conscience qu’on les a non seulement trompé mais qu’on aurait tout de même pu faire plus et mieux.
En attendant, la galaxie pro-IB se déchire et montre des signes évidents d’essoufflement qui ne sont que la partie visible de l’iceberg de désillusions qui le frappe. Les résultats espérés en termes de retour d’investissements sont très maigres et remettent en cause l’équilibre des petits commerces dont certains vivent.
Ils avaient clairement exigés d’être pris en compte dans les marchés publics ce qui est visiblement impossible dans les délais. D’où alors une grogne et des petits mots qui montent que derrière l’unanimité de façade couve le feu de la désunion.
Les arrestations de Mohamed Sinon et de Harouna Sawadogo sont venues jeter de l’huile sur le feu. En effet, pour eux si IB se montre incapable de protéger ses principaux soutiens, aucun d’entre eux n’est plus en sécurité et aucun des engagements pris ne sera réellement respecté.
Au total le pouvoir est comme K.O debout. C’est vraiment le cas de le dire. Il cherche un second souffle qu’il semble incapable de trouver parce-que trop compromis avec ses soutiens actuels. IB aura-t-il assez de ressources pour faire la volte-face indispensable s’il espère sauver son pouvoir ? Rien n’est moins sûr !
Abraham Zongo