C’est avec une tristesse et une amertume sans égales que le collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion victimes de menaces au Burkina a appris au soir du 24 mai, par la voix de l’avocat de M. Lookmann SAWADOGO, sa mise en garde à vue. Vu les événements qui ont précédé son arrestation, nous estimons que le pouvoir du MPSR 2 cherche vaille que vaille, par tous les moyens et par tous les mécanismes de persécutions et d’intimidations, à faire taire la voix de M. Sawadogo.
Depuis le 17 Mai 2023, M. Sawadogo a répondu à 3 convocations de la police. Toutes les fois, il s’y est rendu. Dans la nuit du 17 mai, alors qu’il était en audition, son domicile a déjà été perquisitionné tard dans la nuit.
En outre, certains leaders d’organisations de la société civile sont en garde à vue depuis des semaines sans que nous ne puissions avoir la suite judiciaire donnée à leur dossier. A tout cela, il faut également ajouter les auditions à tout va des journalistes, des hommes politiques et des leaders d’organisations de la société civile. Voilà autant d’éléments qui nous obligent à nous poser des questions sur notre appareil judiciaire, même si M. le procureur du Faso près le tribunal de grande instance Ouaga-I tente quand bien que mal de nous rassurer sur l’indépendance et l’impartialité de son bureau.
Au fond, cette mise en garde à vue pour avoir oser dit aux autorités de la transition de respecter la charte de la transition et le délai prévu par celle-ci est de notre point de vue une traversée du rubicon pour instaurer définitivement un régime dictatorial qui use des instruments judiciaires pour s’imposer par la force et la terreur. Pour rappel, la charte de la transition en son article 21 stipule que : « La durée de la Transition est fixée à vingt et un (21) mois à compter du 02 octobre 2022. » c’est à dire que la transition prend fin en juillet 2024. M. Sawadogo dans l’une de ses tribunes partagées sur sa page Facebook le 15 mai intitulée « DE LA FIN TRANSITION » avait rappelé la nécessité du respect du calendrier et de l’agenda de la transition. Ainsi, ces intrigues et ces mises en scène grotesques d’intimidations et de persécutions ne peuvent que raffermir notre conviction et notre détermination dans la quête d’un état de droit, qui est fondamental pour tout pays qui aspire à une paix et à une cohésion sociale pérenne. Nous rappelons au Président de la transition une fois de plus de se concentrer sur la guerre tel qu’il nous l’avait promis, au lieu de chercher des bouc-émissaires à son incapacité à avoir des résultats probants sur la reconquête du territoire national et la réinstallation de nos concitoyens déplacés internes.
Nous prenons à témoins la communauté nationale et internationale des dérives dictatoriales qui s’installent au Burkina Faso sous la couverture nauséabonde d’un système judiciaire qui peine à s’assumer. Nous appelons tous les burkinabè épris de justice et de l’état de droit de sortir de leur silence afin de faire barrage à tout régime qui semble non seulement incapable de tenir sa parole et ses promesses, mais qui instaure au Burkina Faso un obscurantiste que des aînés ont combattu au prix de leur vie. Nous appelons et interpellons tout notre système judiciaire de ne point se laisser instrumentalisé par un quelconque régime politique. Car si nous avons bonne mémoire, la nation demeure mais les régimes au Burkina Faso sont éphémères.
Au vu de ce qui précède, nous :
Exigeons la libération immédiate et sans condition préalable de notre camarade M. Sawadogo Lookmann, car malgré les nombreuses convocations par la police il s’est toujours présenté ;
Demandons à tous les Burkinabè épris de justice de se battre avec ferveur pour la justice et de l’état droit dans notre pays ;
Avertissons une fois de plus les autorités de la transition que tout enveniment de la situation sociopolitique sera entièrement de leur responsabilité et ils devront répondre aux conséquences et drames qui pourraient en résulter ;
Alertons la communauté internationale et particulièrement les pays africains frères des conséquences que pourraient engendrer un climat socio-politique délétère en plus de la crise sécuritaire que nous vivons déjà et dont les autorités de la transition peine à trouver une réponse adéquate ;
Fait à Ouagadougou, le 24 mai 2023
Pour le Collectif
Le Porte-parole
P/D
Van Ouoba Marcel