S’il est un domaine dans lequel la gouvernance de Ibrahim Traoré a marqué une rupture nette d’avec ce qui se faisait sous le Président Paul Henri Sandaogo Damiba, c’est bien dans celui de la diplomatie. A la place de la diversification des types de partenariats et des partenaires prônée par son prédécesseur, il a donné un violent coup de barre maladroit à gauche avec des conséquences immédiates désastreuses rendant plus périlleux l’avenir de notre pays.
Deux cas illustrent parfaitement la précarité de la situation : la coopération avec le royaume Uni d’Arabie saoudite et celle avec l’Union européenne. Des informations vérifiables font état de ce que le président Paul-Henri Sandaogo Damiba devait, sur invitation du roi, effectuer une visite d’amitié et de travail en Arabie saoudite à la fin du mois d’octobre 2023, projet qui n’a pas pu se concrétiser pour ce que nous savons tous. Les mêmes informations que corroborent les nombreuses allées et venues de certaines hautes autorités saoudiennes et burkinabè entre les deux pays, notamment celles du ministre d’État, ministre de la Cohésion sociale et de la Réconciliation nationale, Yéro Boly dans ce pays et au Moyen-Orient, affirment que le Burkina Faso était aux petits soins de l’Arabie saoudite dans plusieurs domaines. Au nombre des actes allant dans ce sens, c’est sur un vol affrété par ce pays que la délégation présidentielle s’est rendue, tous frais payés, en septembre 2022 à New York (Etats-Unis) à l’Assemblée générale des Nations-Unies.
La simple évocation de ce voyage fait revenir à la mémoire une foule d’informations sordides et des plus burlesques éléments de la vaste opération de désinformation, d’intoxication de dénigrement pour tenir l’image du président Damiba en vue de justifier le coup d’État qui était déjà en préparation. Par exemple des milieux hostiles avaient affirmé que la délégation comptait 70 membres, ce qui était archi faux, ce nombre correspondant à celui de toutes les personnes devant prendre part à la session de l’AG de l’ONU, qui, on le sait, dure chaque année près de 3 mois et concerne plusieurs réunions programmées à des dates différentes tout au long de cette durée. La délégation présidentielle ne comptait donc pas les 70 personnes listées comme devant participer à la session. De même les réceptions particulières et autres attribuées au président étaient de perfides inventions ourdies avec des officines extérieures qui visaient à attenter à la sûreté nationale. Et pour cause, le rapprochement avec l’Arabie saoudite remettait en cause leur « business » de nous imposer leur « solution » consistant à s’attacher leurs services, celui des mercenaires comme partenaires dans notre lutte de libération contre les hordes terroristes qui sévissent dans le pays. Ce dont ne voulait pas entendre parler le lieutenant-colonel Damiba qui imageait son option stratégique par ces mots qui lui collent à la peau : « Celui qui se bat pour quelque chose, c’est pour lui la chose ! Ou bien ? »
En effet, le geste exceptionnel des Saoudiens de prendre en charge tous les frais de ce déplacement n’était que la partie visible d’une coopération qui s’annonçait plus large, plus profond et plus fécond. Les préparatifs de la visite présidentielle à Riyad laissaient entrevoir outre d’importants appuis financiers dans le domaine économique et technique, une forte implication sur le plan de la lutte contre le terrorisme. Les mêmes sources affirment que le royaume saoudien avait accepté une livraison gracieuse d’armements et de véhicules et avait accepté parallèlement d’appuyer la stratégie de dialogue, de démobilisation et de réinsertion des combattants terroristes. Dans son interview du mois de février dernier à RFI, le Président Paul-Henri Sandaogo Damiba avait levé un coin du voile au sujet de cette offre en laissant entendre qu’il était parvenu à convaincre certains acteurs de nous accompagner en travaillant à assécher les financements de ceux qui nous agressent et les Saoudiens faisaient partie de ces partenaires.
Hélas ! Ibrahim Traoré, lui, a préféré cracher sur cette offre en optant pour le tout militaire en se tournant vers le Mali et sa solution de partenariat avec le groupe de mercenaires Wagner. Le voyage de la ministre chargée des Affaires étrangères, Olivia Rouamba en Arabie saoudite courant le mois dernier est donc d’un très grand intérêt. Espérons qu’elle a trouvé les mots justes pour renouer les fils de cette coopération. Notre pays a tout à y gagner.
Avec l’Union européenne, c’est à une aide budgétaire directe exceptionnelle de près de 100 milliards de FCFA que notre pays a renoncé en optant de réorienter sa coopération vers la Russie. Jamais l’Union européenne n’avait accepté s’engager autant aux côtés d’un régime issu d’un coup d’État ! Cette aide exceptionnelle pouvait être utilisée dans tous les domaines, même celui de l’armement. Sur ce point l’UE avait aussi avec le Burkina un important projet d’assistance qui ne demandait qu’à être implémenter.
Tout cela n’était pas le fait du hasard. Loin s’en faut ! C’était dû à la pertinence et au sérieux des options stratégiques du pouvoir Damiba, des résultats déjà engagés et des perspectives. Quand on connaît la rigueur des Européens dans le choix des programmes et projet qu’ils soutiennent, on peut être certain que l’équipe de Damiba inspirait confiance et permettait de miser sur l’avenir en toute sérénité. C’est tout le contraire de la gouvernance d’Ibrahim Traoré dont on a du mal à suivre la vision, la mission et les objectifs surtout en rapport avec la fin de la transition en juillet 2024. Conséquence : le pays est au bord du gouffre.
Oumarou COULIBALY