Exhumés pour le procès, les restes du président Thomas Sankara devraient être ré-inhumés au Conseil de l’Entente, selon une décision gouvernementale. La famille du défunt président s’oppose à cette ré-inhumation sur le site de l’assassinat, le 15 octobre 1987, du président Thomas Sankara et ses 12 compagnons. Dans une déclaration lue dans la matinée de ce jeudi 16 février 2023, la famille Sankara demande au président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, de suspendre la ré-inhumation au Conseil de l’Entente.
La famille du père de la révolution burkinabè, Thomas Sankara, sollicite une grâce présidentielle afin que les restes du président Thomas Sankara ne soient pas ré-inhumés au Conseil de l’Entente. « Le caractère solennel, sacré et l’urgence du moment recommandent que nous nous adressions à vous monsieur le président de la transition, au peuple burkinabè et à l’opinion internationale pour demander une grâce présidentielle. Nous cherchons simplement à inhumer dignement pour la première fois, celui qui est fils, père, époux et frère. Permettez que ce soit possible aujourd’hui, ce qui n’a pas pu l’être il y a 35 ans. Nous voulons enterrer Thomas pour enfin faire notre deuil et que son âme repose en paix », a déclaré la famille.
La famille dit subir une nouvelle épreuve de voir inhumer l’ancien président Thomas Sankara contre leur volonté à l’endroit où il a été assassiné. « Notre famille est en train de subir encore une dure épreuve, celle de voir inhumer Thomas contre notre volonté à l’endroit où il a été trucidé, c’est-à-dire au Conseil de l’Entente. Nous attirons votre attention qu’il n’est pas mort par accident, mais par un complot bien orchestré. Beaucoup d’autres meurtres ont été perpétrés à cet endroit, sans compter le nombre de personnes qui y ont subi des atrocités », souligne la famille.
Dans la déclaration lue par Blandine Sankara, petite sœur du défunt président, la famille se sent impuissante et s’en remet au président Ibrahim Traoré. « Nous la famille de feu président Thomas Sankara, nous nous sentons écrasée par la force de la puissance publique qui a décidé contre notre souhait de la ré-inhumation, au Conseil de l’Entente, des restes de notre époux, de notre père, de notre frère », a déclaré la famille.
La famille Sankara souhaite que la scène du crime qu’est le Conseil de l’Entente reste intacte pour l’histoire et conservée pour la mémoire des générations actuelles et futures. Elle soutient qu’elle a insisté, depuis la gestation de l’idée du mémorial, la nécessité de préserver ce lieu pour la mémoire des martyrs du 15 octobre 1987.
En revanche, la famille a identifié des lieux pour une possible ré-inhumation des restes du président Thomas Sankara. « Notre souhait est que les restes soient ramenées à Dagnoën où ils ont été exhumés, ou à défaut, au jardin de l’Amitié au bout de l’avenue Thomas Sankara ou encore au jardin Yennega », a souhaité la famille Sankara.
La déclaration a été signée par Mariam Sankara, épouse de feu président Thomas Sankara, ses enfants Philippe et Auguste Sankara et ses frères et sœurs.