Aujourd’hui JEUDI 8 juin, le Capitaine Ibrahim Traoré totalise 8 mois et 8 jours à la tête du Burkina. C’est la même durée que son prédécesseur le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba qu’il a chassé par un coup d’Etat. Arrivé le 30 septembre 2022, il a atteint aujourd’hui le même nombre de mois et de jours que Damiba qui avait écarté le Président Roch le 24 janvier 2022.
Le Capitaine IB reprochait à Damiba sa vision dans la lutte contre le terrorisme. Il avait promis sécuriser le pays en trois mois. Un discours qui a vite séduit les Burkinabè. Et pour cause, tout le monde était fatigué de la guerre contre le terrorisme.
Le bilan était dramatique pour le pays : plus de 1,6 millions de déplacés (non compris ceux accueillis dans les familles et les réfugiés dans les pays voisins), des milliers d’écoles fermées, des villages déguerpis, des routes nationales coupées, des villes sous blocus, des provinces entières isolées, plus de 40% du territoire sous contrôle des combattants terroristes.
Le chiffre de 40% avait été annoncé par le médiateur nigérien Mahamadou Issoufou après un entretien avec l’homme fort du moment le lieutenant-colonel Damiba. C’était en juin 2022. Quand on sait que la situation n’a fait que se dégrader au fil du temps, on peut en conclure que ce chiffre était largement dépassé trois mois après, au moment du coup d’Etat de IB en septembre 2022.
À temps égal passé à la tête de l’Etat, on peut s’interroger si le Capitaine IB a tenu sa promesse de faire mieux que son prédécesseur.
La réponse ne souffre pas de doute. C’est NON ! Tout le monde voit et constate ! Chacun peut faire le bilan à partir de sa propre région, sa propre province, sa propre commune et de son village. Ça ne va pas. Le jeune Capitaine nous a vendu du vent à sa prise de pouvoir. Ça ne va pas du tout. La situation sécuritaire s’est fortement dégradée.
Un seul haut fait !
Un seul fait notable à noter c’est la récupération de la ville de Solenzo. Ce chef-lieu de la province des Banwa avait été occupé par un chef djihadiste, un autochtone de la localité qui entendait régler des problèmes personnels. Alors que beaucoup de chefs-lieux de provinces sont encerclés, elles ne sont pas pour autant occupées par les combattants terroristes. Le cas de Solenzo fut particulier. En réalité, un fils du village, un autochtone bon teint qui était avec les Groupes armés terroristes a préféré s’emparer de cette localité pour des raisons personnelles.
Finalement, il en a été chassé par les hommes de IB après de grands massacres de populations civiles innocentes dans la ville et dans toute la région. En dehors de ce que d’aucuns appellent la libération de Solenzo, il n’y a aucun autre haut fait de guerre du Capitaine IB.
La reconquête du territoire promise a fondu comme du beurre au soleil. Même les annonces du genre qui ont été faites sont à prendre avec des pincettes.
Prenons le cas de Falagountou. Quelques jours après la libération annoncée, 10 gendarmes ont trouvé la mort après une attaque de djihadistes.
Le cas de Gassan dans le Nayala est pire. Cette commune est censée être reconquise par l’unité d’élite de notre police nationale. C’est avec une fierté qu’on a vu flotter notre drapeau national devant les bureaux de la préfecture. Mais depuis lors, Gassan reste désespérément vide à cause des attaques terroristes avec mort d’hommes que la localité a subi après sa libération supposée. Aujourd’hui, la ville de Gassan (située à une trentaine de kilomètres de Tougan sur l’axe qui mène à Dédougou) n’est que l’ombre d’elle-même.
Pareil dans les Cascades avec le cas de Ouo dont on a vu les images de la libération avec une entrée en fanfare d’une colonne de FDS et de VDP. La suite on la connaît : l’instabilité avec de fréquentes attaques meurtrières des GAT.
Toutes les analyses des experts qui parlent d’une dégradation de la situation correspondent à la réalité sur le terrain. D’octobre à aujourd’hui, des provinces où des zones de certaines provinces autrefois tranquilles ont basculé dans la violence. Il en est ainsi du Kénédougou, du Houet, de la Comoé, du Tuy, du Mouhoun, de la Kossi, des Banwa, du Passoré, du Nayala, du Sourou, du Zandoma, du Yatenga, du Bam, du Seno, de l’Oudalan, du Sanmatenga, du Namentenga, de la Gnagna, de la Komandjari, du Gourma, de la Kompienga, du Boulgou, du Koulpelogo, du Nahouri, du Ziro, de la Sissili, du Boulkiemdé, du Sanguié, du Poni, dans le Ioba.
Évidement d’autres provinces étaient déjà touchées entièrement : Le Soum, le Yagha, la Tapoa, le Lorum. Sous l’ère Capitaine IB, les villes sous blocus se sont multipliées. De nombreuses routes sont sous contrôles permanentes ou par intermittences par les GAT.
Sur tous les plans, le coup d’Etat d’Ibrahim Traoré n’a pas été une bonne affaire pour notre pays. Bien au contraire, c’est le début d’une situation chaotique. Pour mieux l’appréhender nous allons analyser le bilan sous différents plans : sécuritaire, coopération, cohésion sociale, etc. Le premier rendez-vous est donc pour demain avec le bilan sécuritaire.
M’boumbandé.