Autorisation du port du voile islamique sur les pièces administratives : le principe a été adopté bien avant le 30 septembre 2022

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Depuis quelques jours, les réseaux sociaux et les médias sociaux font état de ce que le port du voile islamique a été autorisé par les autorités actuelles. De plus, certains propos sous-entendent qu’avant le 30 septembre 2023, les pouvoirs en place étaient contre cela.

En réalité, sous les présidents Blaise Compaoré, Michel Kafando, Roch Marc Christian Kaboré et Paul-Henri Sandaogo Damiba, cette question faisait déjà l’objet d’un intérêt particulier. Sous les deux (02) premiers cités, le principe de l’adoption du port du voile était déjà acquis. Mais le premier a quitté le pouvoir suite à l’insurrection populaire. Quant au deuxième, il a œuvré efficacement pour la création et la mise en place de l’Observatoire national des faits religieux (ONAFAR) qui, parmi ses attributions, émet des avis sur les cas qui lui sont soumis par le ministère en charge des libertés religieuses, notamment sur les projets de lois et règlements touchant le domaine religieux ainsi que sur les projets de sanction pour violation des dispositions y relatives. Il assure également, à la demande expresse des parties, une médiation en cas de litige portant sur un fait religieux.

Pendant la présidence du troisième, les parties prenantes s’étaient entendues, après le retrait du premier avant-projet de loi portant libertés religieuses, sur le fait qu’il fallait attendre l’adoption et la promulgation de la loi portant libertés religieuses pour régler ce problème. Avec le quatrième, en plus de l’avant-projet de loi portant libertés religieuses qui était arrivé à son terme, grâce à la parfaite collaboration entre tous les acteurs (Etat, faîtières religieuses et coutumière), sollicitation avait été faite auprès de la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) dès mi-juillet 2022 pour qu’elle transmette au ministère en charge du culte, ses préoccupations urgentes qu’elle voudrait voir examinées. Elles ont été envoyées au Premier ministre Albert Ouédraogo et au ministre des Affaires religieuses et coutumières de l’époque à la mi-septembre 2022. Dès cet instant, les services techniques se sont attelés à la tâche. Cela a été couronné le 29 septembre 2022 par une réunion et voilà ce que l’on peut retenir, entre autres : « Le jeudi 29 septembre 2022 à partir de 09h s’est tenue dans la salle de réunions du ministère des Affaires religieuses et coutumières (MAREC) une rencontre en vue d’examiner les préoccupations de la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) adressées audit ministère. Il s’est agi pour les participants de passer en revue l’ensemble des préoccupations et de formuler des propositions de réponse y relatives. »

 Concernant le voile islamique, voici les préoccupations soulevées et les recommandations des participants à la rencontre : « Autoriser le port du voile islamique lors de l’établissement des pièces administratives (carte d’identité nationale, carte scolaire, passeport, carte d’électeur, etc.) » Concernant l’autorisation du port du voile islamique dans l’établissement des pièces administratives, l’avant-projet de loi portant libertés religieuses vient résoudre cette question selon les participants.

L’article 31 dudit avant-projet de loi dispose que : « Le port de signes religieux ne peut être interdit lorsqu’il n’entrave pas la vérification de l’identité. Toute personne peut manifester sa liberté religieuse à travers le port de signes religieux sur les documents administratifs d’identification, sous réserve du respect des normes nationales et internationales relatives au contrôle et à l’identification des personnes ».

Les participants ont relevé le fait que des concertations pourraient être envisagées avec le ministère chargé de la sécurité qui est compétent en la matière. « Lever toute entrave dans le port du foulard islamique dans l’espace public notamment dans les établissements d’enseignement. »

S’agissant du port du voile dans les établissements d’enseignement, un texte d’application de l’avant-projet de loi portant libertés religieuses notamment l’arrêté portant modalités pratiques d’exercice des libertés religieuses dans les établissements d’enseignement vient, du point des représentants des services techniques, résoudre la question. En effet, ce texte en son article 9 dispose que : « Les objets suivants considérés comme signes religieux sont autorisés dans les établissements d’enseignement :

  • le foulard religieux ;
  • la croix ou le crucifix ;
  • la tenue à l’effigie d’images ou signes religieux ;
  • la médaille et le médaillon ;
  • le tapis de prière ;
  • le chapelet. »

Cela dit, le Premier ministre d’alors Albert Ouédraogo avait instruit le ministre chargé des cultes de prendre les dispositions nécessaires, en relation avec les autres ministres concernés par le dossier, pour opérationnaliser le contenu de ces articles en attendant l’adoption de la loi. Il faut donc, certes reconnaître l’importance de l’acte posé par les autorités actuelles mais il faut aussi rendre à leurs prédécesseurs ce qui leur revient de droit. Une génération ne sera à même d’apporter une part contributive positive au progrès de la société qu’en appréciant en toute honnêteté, en toute modestie et en toute objectivité la quote-part, fut-elle minuscule, de celles qui l’ont précédée.

Issaka SOURWEMA

Dawelg Naaba Boalga   

Wendmanegre

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