Il est établi que le Burkina Faso est un pays riche en diversité culturelle, ethnique et religieuse et est un important laboratoire pour penser l’altérité culturelle. A cet effet, cette richesse se présente aujourd’hui comme un outil efficace, s’il est bien exploité, pour apporter sa part contributive dans la recherche des solutions aux multiples crises enchevêtrées qui enserrent la communauté nationale. C’est dans cette optique que la prise en compte, plus que de par le passé, de la dimension des valeurs traditionnelles africaines est d’un intérêt vital pour nous et pour les générations futures. Bien que les Africains sub-sahariens soient chrétiens, musulmans ou juifs (Bèta Israël communément appelés Juifs falashas en Ethiopie), ils sont encore porteurs de valeurs héritées de la culture ou des religions traditionnelles africaines (RTA) pour qu’elles ne soient en contrariété avec les préceptes bibliques ou coraniques. Inversement, les cultures subsahariennes sont profondément influencées par l’islam et le christianisme d’une part et les cultures occidentale et arabo-islamique de l’autre : certaines valeurs africaines subsahariennes liées à la foi comme le principe de l’unicité de Dieu dans la quasi-totalité des RTA, l’habillement, l’architecture, les modes vestimentaires…
Il existe donc de fait, des interactions non antagoniques entre les cultures et les religions judéo-islamo-chrétiennes ; c’est un atout qui, savamment articulé avec la nécessité d’user de toutes les armes pour lutter contre l’extrémisme violent, peut être d’un apport significatif dans le retour de la paix au Burkina Faso. Une démarche de réhabilitation des cultures subsahariennes (dont les RTA font partie) débarrassée de toute velléité de diabolisation inversée à l’endroit du christianisme et de l’islam est alors impérative. Cela étant, notre perspective n’est ni militante, ni partisane, ni religieuse. Elle participe simplement d’une volonté d’instaurer ou de réinstaurer une égalité certaine entre les systèmes de croyances et de représentations au Burkina Faso et voudrait également rappeler que, s’il n’y pas eu de guerre de religions sur les territoires de l’ancienne Haute-Volta, c’est fondamentalement dû à la tolérance et à l’hospitalité (en laissant les enfants se convertir aux nouvelles religions) dont ont fait preuve les Subsahariens qui n’étaient ni chrétiens, ni musulmans. D’où vient-il que l’on jette l’anathème sur leurs cultures, leurs croyances et pratiques culturelles alors que ce droit leur est reconnu par la constitution et les textes législatifs et règlementaires ?
Outre ces dispositions réglementaires sur les droits humains contenues dans la charte du Mandé, la constitution du Burkina Faso dispose en effet en son article 7 que : « la liberté de croyance, de non croyance, de conscience, d’opinion religieuse, philosophique, d’exercice de culte, la liberté de réunion, la pratique libre de la coutume ainsi que la liberté de cortège et de manifestation sont garanties par la présente Constitution, sous réserve du respect de la loi, de l’ordre public, des bonnes mœurs et de la personne humaine ».
C’est toute l’essence de la nouvelle formation associative en cours de création qui entend contribuer à promouvoir le respect de la liberté de croyance ou de non-croyance de tout citoyen burkinabè ou non, au Burkina Faso et partout ailleurs dans le monde. L’APVTA a pour objet principal de contribuer à faire comprendre et à faire accepter davantage par tous que les coutumes subsahariennes et les RTA, au regard de leur statut acté par l’Etat burkinabè à travers le décret n° 2020-0771/PRES/PM/MATDC/MINEFID du 10/09/2020 portant création, composition et attributions de l’Observatoire national des faits religieux (ONAFAR) et de leur antériorité dans la naissance des religions, ont droit aux mêmes égards et au même respect que les autres confessions religieuses.
Ses objectifs spécifiques se déclinent ainsi qu’il suit :
- Entreprendre des actions de plaidoyer à l’endroit des pouvoirs publics (institutions, ministères, ONAFAR, etc.) aux fins de solliciter leurs interventions auprès des autorités religieuses islamo-chrétiennes en vue de solliciter d’elles la révision de leurs champs lexicaux qui diabolisent les coutumes et les RTA ;
- Nouer des partenariats dynamiques avec les hautes autorités des différentes communautés coutumières et religieuses à travers des cadres d’échanges sur les relations interreligieuses ;
- Défendre toute personne qui, du fait de l’exercice de sa foi à quelque endroit du Burkina Faso ou du monde, est victime de discrimination, de diabolisation et d’ostracisme ;
- Sensibiliser l’opinion publique, à travers des séminaires, les médias traditionnels et les réseaux sociaux, sur les atouts des coutumes susceptibles de soutenir la lutte contre les ennemis de la République ;
- S’engager dans la défense des droits humains conformément aux instruments juridiques nationaux et internationaux.
Peut adhérer à l’APVTA, toute personne partageant ses valeurs et ses objectifs. Pour y parvenir, notre crédo est bidimensionnel : tolérance active et inclusion dynamique vis-à-vis de toute forme de croyance et de tous les croyants. L’assemblée générale constitutive à laquelle toutes les personnes intéressées sont invitées aura lieu le samedi 11 mai 2024 dans les locaux de l’Office de développement des église (ODE) au sein du siège de la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME) à la zone du Bois.
Fait à Ouagadougou le 09 mai 2024
Pour le Comité d’initiative
Patindé Dramane KABORE
Dawelg Naaba Boalga Issaka SOURWEMA